Marin sans bateau, marin sans boulot

29-08-2006 à 17:36:03
Elle venait d’arriver au port. Ou plutôt il venait d’arriver. En tout cas, voilà ce que devaient penser les passants. Pas que quelqu’un en particulier venait d’arriver, ça, ils n’en savaient rien et s’en fichaient plutôt. Mais que c’était bien « il ».

Il, c’était Nathaniel Eban. L’espagnol pour les intimes. Mois-un-Doigt pour ceux qui voulaient en venir aux mains. Pourtant, sous le chapeau qui projetait une ombre sur son visage, la chemise et le pantalon d’homme que cette personne arborait, c’était bien « elle » qu’on aurait trouvé. Curieuse histoire… En tout cas, Alice continuait à jouer son rôle. Et, inlassablement, depuis le début de cette matinée fraîche, elle interrogeait les marins qui débarquaient et rembarquaient, dans l’espoir de se trouver un poste.

Elle s’arrêta devant la Lame d’Argent, goélette prête à lever les voiles pour le Mexique, d’après ce qu’elle avait compris. En voyant un mousse descendre de la passerelle pour surveiller un chargement de tonneaux d’eau douce, elle l’interpella de sa voix grave, un peu trop rauque pour être celle d’une femme, de sa voix qu’elle contrefaisait depuis quelques jours à peine :

[glow]« Hé, gamin ! Viens là ! »[/glow]

Le petit s’approcha. Alors, elle fit comme elle l’avait déjà une vingtaine de fois :

[glow]« Ton capitaine aurait pas besoin d’un homme supplémentaire, par hasard ? »[/glow]

Le môme, un peu intimidé par ce « monsieur » qui faisait une tête de plus que lui et arborait fièrement un sabre d’abordage au côté droit, décida de ne pas s’en laisser imposer, et bomba le torse en secouant la tête en signe de dénégation. Devant l’air frustré du marin au chomâge, il ne demanda pas son reste, et s’en fut se plauqer derrière un tonneau qui attendait de rejoindre ses semblables dans les cales du vaisseau.

Haussant les épaules, Nathan repartit d’un pas un peu moins rapide qu’auparavant. Il se retrouvait sans vaisseau, sans équipage, et après avoir été en passe de commander un magnifique navire de corsaires, se retrouvait en train de mendier une place auprès de moussaillons loqueteux. Après une pensée affectueuse et mélancolique à la Jeanne et aux hommes qui avaient navigués à ses côtés, et dont la plupart étaient morts, ainsi que les deux derniers membres de sa famille, le jeune homme entra dans une taverne. Noyer sa morosité dans le rhum n’était pas son genre, mais peut-être pourrait-il faire là quelques bonnes rencontres…


--Message édité par le 15-07-06 à 17:07:53--
16-07-2006 à 22:59:56
Meryl avait quitté sa vieille barque amarrée au port depuis bien cinquante ans, époque à laquelle elle n'avait pas besoin de serrer les dents pour marcher droit. Des hommes aux dents rongées par le scorbut ou des gentlemen en flannelle l'honnorait de leurs regards admiratifs ou de leurs sourires niais.
Ouai, Meryl était une sacrée belle plante. Un corps longiligne, certe, mais dans des proportions démentes. Une chevelure soyeuse et brillante, des yeux de braises... Sans oublier une tenue pour le moins aiguicheuse. Il y avait plus de tissu dans la couche d'un nourisson que dans la tenue de la grande brune.
Il lui manquait la démarche insouciente de la vrai jeunesse, le menton haut et le dos droit. Et il y avait un peu trop de visions macabres au fond de ses yeux sombres.

Mais il faisait beau, les hommes arrivaient ou repartaient, les mousses trottinaient sur les quais et les femmes de pêcheurs arrangeaient leurs étals. Bref, une superbe brune passait, et personne ne se posait de questions. Cela l'arrangeait bien, à Meryl. Qu'ils croient tous ce que leurs yeux disent, la vérité n'est jamais bien bonne à savoir. Et c'est avec un sourire éclatant que la fausse jeune femme entra dans la taverne miteuse de Yoan, ancien pirate reconvertit. Ni lui ni les autres ne se doutait de l'âge réel de Meryl. On disait dans son dos qu'elle était un brin sorcière, un brin félée, mais la regarder était un tel plaisir que les hommes se gardaient bien de mouffter en sa préence.
Elle traversa la salle surpeuplée d'un pas conquérant, retenant son souffle pour masquer sa douleur. C'est avec un peu trop d'empressement qu'elle se laissa tomber sur un banc, mais les clients étaient trops occupés à baver pour s'en rendre compte... Ah, le jeu cruel des apparences...

Meryl promena son regard sombre sur la salle enfummée, essayant de tromper son ennui tout en sirotant un coktail explosif dont Yoan avait le secret. Et il vallait mieux pour lui que personne ne le connaisse, ce secret. Dieu seul sait ce qu'il fourrait dans cette mixture au goût terrible mais assez corsée pour être apprécieé des vieux loups de mer.

Tiens, en voila un qui ne l'était pas, vieux. Meryl suivit des yeux un jeune homme au visage caché par son chapeau, le pas altier et le sabre au côté. Encore un qui venait chercher du boulot, comme tant d'autre. Si il faisait partit d'un équipage, il n'errerait pas seul ainsi dans l'une des tavernes les plus mal famée de l'île. Nul doute, ce type était un nouveau. Meryl jura. Il fallait qu'elle s'en occupe ou il allait se faire détrousser par la bande de voyous qui siègeait là. Elle se leva sans grimaçer malgré les douleurs de l'âge, et marcha d'un pas coulant vers le nouveau venu. Elle récolta quelques sifflements qu'elle ignora, puis interpella le bleu:

- Hé, toi, le gringalet! Hurla-t-elle de sa belle voix grave, par ici!

Elle lui adressa un sourire charmeur, sachant bien qu'en général la gente masculine n'y resistait pas. Elle répugnait à employer de tels procédés, mais Zurich aux doigts de fée s'approchait déjà du jeunot, les doigts en éventail. Et tous le monde sait que doigts de féé ne rate jamais son coup.

celle qui écrit dicte le destin, qu'en sera-t-il du vôtre?
29-07-2006 à 16:43:35
Au moment où elle avait franchit la porte de l’auberge, Alice ne s’était pas sentie rassurée. Oh non, elle n’avait pas peur ! Elle se méfiait, simplement. La peur ne faisait qu’embrouiller l’esprit, la méfiance le rendait rapide et aidait à anticiper le danger (mode Yoda : OFF). Avant même qu’elle ait pu s’approcher d’une table, tous les regards s’étaient tournés vers elle un bref instant. Dans un serrement de cœur, elle craignit d’être reconnue par un de ses vieux camarades de navigation. Mais bientôt, tous les hommes attablés se détournèrent pour revenir à leurs boissons, jeux ou négociations. Rassurée, la jeune femme se mit en quête, à coup d’yeux et d’oreilles, d’une phrase ou d’un visage interessant. Elle savait plus ou moins ce qu’elle cherchait. Un de ces vieux loups de mer, des seconds, menuisiers ou cuistos, qui connaissaient bien leur « maison », et sauraient la renseigner sur les postes qu’elle pouvait y trouver. Elle avait décidé, dès le départ, de ne pas se montrer trop exigente, bien qu’elle aie pu devenir capitaine si elle avait possédé un navire en état de flotter.

Alors qu’elle pensait avoir repéré son homme, un gars entre deux âges, le visage mangé par une barbe poivre et sel, qui semblait attendre quelqu’un dans un coin de la pièce, une voix grave l’interpela. « Le gringalet ». Au milieu de tous ces marins à muscles d’acier et cous de taureau, ça ne pouvait être qu’elle. Etrangement, elle ne s’en formalisa pas outre mesure. En effet, l’attitude et le physique qui accompagnaient cette voix étaient assez étonnants pour que Moins-un-Doigt en oublie sa susceptibilité. Meryl semblait être apparue comme par magie à côté de la brune, qui eut un mouvement de recul, et bouscula quelqu’un qui, apparemment, cherchait à s’paprocher d’elle le plus discrètement possible. Pourtant, là encore, Alice oublia sa méfiance. Assurément, celle qui venait de lui parler pouvait être considérée comme une belle femme. Une belle femme au courant de sa beauté, vu les habits qu’elle portait. Avec un pincement de cœur, la demoiselle songea qu’elle aussi aurait pu déambuler comme ça, et attirer le regard des hommes. Moins que Meryl, bien sûr, mais quand même, il fallait avouer que dans le genre dure-à-cuir, elle n’était pas laide… Elle adopta une attitude admirative, comme elle savait que les gars le faisaient devant une pareille plante. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de la trouver étrange. Comme si quelque chose n’était pas naturel dans son apparence. Mais ce n’était qu’un vague pressentiment, l’instinct féminin peut-être ? D’ailleurs, cela faisait longtemps que Nath avait mis ses intuitions au placard.

[glow]« Je peux faire quelque chose pour vous, madame ? »[/glow]

Ton poli, regard curieux. Le parfait gentleman, sauf pour ce qui était de la voix rocailleuse, et du léger accent, que les connaisseurs pouvaient reconnaître comme issu du breton de brest. Mais on trouvait tellement de couleurs et de parlers différents à Ametrista qu’on n’y prêtait pas forcément attention…
16-08-2006 à 19:03:22
Meryl eut un petit choc lorsqu'elle croisa le regard du jeunot. Ou son instinct infaillible la trompait pour la première fois depuis une bonne centaine d'années, ou elle n'était pas la seule à jouer avec les apparences ici. Elle ne savait pas ce que ce type cachait sous son minois d'ange, mais il n'était pas celui qu'il semblait être, foi de Meryl. Elle se reprit, attrapa le bras du gringalet et le traîna jusqu'au comptoir, non sans jeter un regard noir à doigts de fée. Les proies de Meryl étaient intouchables, tous le monde le savait à Amétrista.

- Tu peux me dire merci, le jeune, c'est moi qui viens de faire quelques chose pour toi. Un pas de plus et tu sortais plus léger, si tu vois ce que je veux dire...

Elle ouvrit ses doigts, révélant la bourse du gringalet.

- Je ne suis pas une voleuse, murmura-t-elle en lançant sa bourse au jeune, mais je suis bien la seule ici. Tu devrais faire attention.

La jeune femme, eut un sourire enjoleur, passant avec flegme une mains parfaite dans sa chevelure brillante. Elle croisa les jambes, réprimant la douleur que de telles tortions imposait à son vieux corps. Elle masquait son âge, mais lui, que cachait-il? Il y avait quelques chose dans son attitude qui sonnait faux, surjoué, tout comme l'apparente fraicheur de Meryl semblait surfaite. Mais la vieille jeune femme n'irait pas fourrer son nez dans les secrets de ce petit. Elle ne voulait pas qu'il lui retourne la monnaie de sa pièce...

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21-08-2006 à 19:22:58
Lorsqu'elle reconnu sa bourse dans la main de la jeune femme, l'attitude d'Alice se modifia. Elle ne songea plus à jouer son rôle. Sa mâchoire un peu forte se contracta, en faisant pâlir la cicatrice qui parcourait sa joue. Elle tendit la main pour récupérer son bien. Heureusement, Meryl ne se fit pas prier pour la lui rendre, accompagné de propos rassurants.

Le faux jeune homme s'assit sur un tabouret, à l'endroit où la femme l'avait guidé, avant d'observer le manège de celle-ci. Pirate, courtisane? Elle paraissait taillée pour exercer les deux métiers, ce qui laissait sa compagne perplexe et jalouse, aussi, quoiqu'elle s'en défende.

C'est avec une politesse renouvelée, quoique teintée de sarcasme, qu'elle s'adressa de nouveau à Meryl:

[glow]"Et bien, j'imagine que je dois vous remercier, comme vous dites... On a toujours besoin d'une nounou quand on débarque dans un endroit qu'on ne connaît pas, n'est-ce-pas?"[/glow]

Sentant que la discussion avait des chances de se prolonger, elle ôta son couvre-chef, qu'elle posa sur le comptoir, en gardant une main dessus pour éviter qu'on le lui chippe. Même sans chapeau, son appartenance au sexe féminin demeurait très difficile à deviner. Elle le portait surtout pour ne pas être reconnue d'un ami de son défunt père, mais elle n'en avait repéré aucun dans cette pièce enfumée, et pouvait donc se permettre de se mettre à l'aise. D'un geste bref, elle commanda une boisson. On lui servit dans l'instant une chope d'un liquide inconnu, qu'elle renifla sans le goûter pour le moment.

Apparemment, sa nouvelle connaissance paraissait connaître pas mal de monde à Amétrista, et Moins-un-Doigt ne perdait pas l'espoir qu'elle puisse peut-être l'aiguiller vers un embarquement. Pour la destination et la durée du voyage, Eban n'était pas difficile. Il lui suffisait de trouver un engagement pour les semaines ou les mois à venir. Ensuite, si elle revenait en bon état, elle galérerait quelques jours pour en trouver un autre, et ainsi de suite. Elle n'osait penser à ce qu'elle deviendrait si elle se faisait véritablement amocher.

L'Espagnole finit par reprendre la parole, pour demander, sur le ton le plus badin:

[glow]"j'imagine qu'on vous dit ca tous les jours, mais je cherche du boulot. Vous ne connaîtriez pas quelqu'un à qui je pourrais m'adresser, par hasard?"[/glow]

Elle entama sa boisson, à petite gorgée. Le liquide brûlant la réchauffait, bien qu'elle n'en éprouve pas vraiment le besoin. Elle n'avait jamais véritablement apprécié l'alcool, mais dans ce genre de contré, l'eau potable était rare, et réservée aux navires en partance. Il lui faudrait se résigner à ne pas être trop regardante sur ce qu'elle buvait jusqu'au moment où elle reprendrait la mer..
21-08-2006 à 20:34:52
Meryl éclata d'un rire quelques peu amer lorsqu'elle entendit ce jeune freluquet la qualifier de "nounou". Son âge la rattrappait toujours... Aux yeux de gamin, elle était tout juste bonne pour materner. Elle ravala ses paroles acides, détourna son regard sans âge du visage encore peu marqué qui lui faisait face, puis réussit à grimacer un sourire mi-figue, mi-raisin. Allons, elle n'avait pas à se plaindre, mieux valait materner un jeunot en ayant l'air d'une fille de vingt printemps, que de le border en ayant plus de cent balais.
Elle balaya la salle du regard. Elle savait ce qu'allais lui demander le marin en goguette. D'ailleur, il déjà en train de lui demandait ce qu'elle s'attendait qu'il lui demande (ahem). Tous ces marins avides de grand large l'ennutaient profondemment. Ne voyaient-il pas que la terre avait autant d'attrait que leurs foutues vagues? En vérité, Meryl avait perdu tant de compagnons en mer, et des meilleurs, que les flots bleus lui rappellait sans cesse milles souvenirs. Voila pourquoi sa barque n'avait pas quitté le port depuis un demi-sciècle.
La vieille femme soupira, lasse d'avance. La liste qu'elle allait énumérer, elle l'avait cent fois déjà récitée. La foule de jeunes marins qui transitaient sans trêve au port se tournait souvent vers elle. Une belle fille, pas farouche et bien informée, avait un certain attrait sur les aventuriers. Beaucoup, se retrouvant capitaines aprés quelques années (et bien souvent avec son aide), lui avait proposé d'embarquer. Mais qui pourrait comprendre qu'elle avait déjà bien trop navigué?
" A vingts ans?" Lui dirait-on. Ils étaient tous à la botte de leurs yeux.

- Et bien, ouai, je peux t'aider. Répondit-elle en avalant une gorgée du torche poumon de Yoan. Tu devrais déjà aller à la dent d'or, c'est là que les matelots vont boirent, en escale. Avec un peu de chance, tu y trouveras quelques capitaines. mais laisse moi te dire une chose, petit: je te conseille d'emmener une nounou avec toi.

Meryl avait employée le qualificatif "petit" sans se rendre compte que, pour lce matelot, elle n'avait pas l'air plus vieille que lui. Lorsqu'elle réalisa son erreur, elle soupira de nouveau. Elle faisait de moins en moins attention, ces derniers temps. Le poid de son costume l'accablait, l'etouffait parfois. Elle s'était toujours jurée de ne jamais devenir dépendante de son apparence, mais hélas, les promesses sont rarement éternelles...

- Tu cherche quoi, comme poste? Quelles sont tes qualifications, ton expériences?

Elle avait parlée avec l'assurance de ceux qui savent. Meryl avait dirigée son propre navire, un temps. Seul les pires racailles des milles flots avaient acceptés une femme comme capitaine. Leurs âmes étaient déjà milles fois damnés, alors, le malheur, pensez donc! Ses ennemis étaient terrorisés par le fait qu'elle pose un pied sur le pont de leurs navires, de peur qu'elle y amène le mauvais oeil. Elle sourit à ce souvenir. Oui, il fut un temps, Meryl fanstasmagore était un des capitaines les plus respectés des eaux du pacifiques. Elle regnait par la peur et la superstition, tenant ses hommes avec le ruhm et l'adrenaline.

*Détonnant mélange*, pensa-t-elle en regardant le fond de son gobelet. *Si Yoan en trouve la recette, je lui garantie la richesse...*

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22-08-2006 à 16:15:01
D'un côté, la réponse de Meryl rassura Nath. Aussitôt, il se relâcha, et son visage se détendit. Cependant, s'entendre appeler "petit" par quelqu'un qui avait le même âge et la même taille qu'elle agaçait profondément Alice. Bon, c'est vrai que pour un homme, le jeune Eban n'était pas très grand, mais il ne fallait pas exagérer non plus! C'était vexant, à la fin!

Il fit cependant mine de ne rien remarquer, attendant tranquillement que la dame déballe les adresses et les noms qu'elle devait tenir accumulés dans un coin de son esprit.

"Une nounou? Je crois que vous êtes déjà installée dans le rôle, non?"

La phrase avait été prononcé sans acrimonie, mais d'un ton plutôt sérieux. Pas qu'Alice eut vraiment envie de se faire accompagner par une sauterelle qui lui rapelait ce qu'elle aurait pu être, mais avait-elle une autre solution?

Le ton un peu supérieur de la brune lorsqu'elle lui demanda ses qualifications acheva de la coller en rogne, c'est pourquoi elle répondit un peu séchement:

"Ca fait plus de dix ans que je navigue. J'ai été capitaine".

Pour expliquer le fait qu'elle ne possédait plus de bâteau, et qu'elle se retrouvait à chercher du travail, elle ajouta, rapidement:

"On a été attaqué par un pirate... On s'est défendu, évidemment. Mon père, qui commandait, est mort dans la bataille. Une fois ces saloparts morts, j'ai pris le commandement. On a parcouru des dizaine de milles avec des trous dans la coque et un mât brisé. "

Elle avait accompli, en tant que capitaine, un des pires travail que comportait ce poste: motiver des hommes blessés, à moitié morts de faim, pour une traversé sans espoir sur un navire en pièce détaché, en évitant les mutineries, et, en plus en ramenant tous ceux qui restaient vivants. Elle ne s'étai jamais demandé si elle en était fière ou pas. C'était une question de survie, elle avait eu beaucoup de chance, ses hommes avaient vraiment assuré. C'était tout.

Elle reprit, après un moment de silence, en prenant soin d'adopter un ton un peu moins rogue:

"Mais je me contenterais de n'importe quelle place qu'on pourrait me proposer, à part bien sûr être mousse. J'ai passé l'âge... Je sais lire et écrire, je parle plusieurs langues. Quand on accoste ca peut être utile. Mettez moi un sextant entre les mains, et vous ne vous perdrez jamais. J'ai rien contre les métiers crapuleux, bien au contraire. Donc même si la marchandise n'est pas autorisée..."

Elle finit sa tirade d'un clin d'oeil. L'Espagnole avait conscience d'avoir pu paraître vantarde, mais elle n'en avait cure. Après tout, elle s'était montré des plus objectives... Et s'il fallait qu'elle soit recrutée, elle devait avant tout convaincre. Pour finir sa petite présentation, elle vida sa chope cul-sec, grimaça, mais ne fit pas de commentaire.
24-08-2006 à 14:06:34
Meryl eut un sourire qui n'en était pas vraiment un lorsque le jeune en face d'elle raconta son histoire. Capitaine? Et où était à présent son équipage? Même lorsque la plupart de ses membres étaient à moitié morts, un équipage vraiment fidèle n'abandonnait pas son capitaine sur les quais d'un port miteux. Ou alors, c'est que le capitaine en question n'était point trés respecté par ses hommes. Mais Meryl était une femme sage. Inutile de remuer le couteau dans la plaie de ce petit. Il apprendrait bien assez tôt que le poste de capitaine, ça s'apprend, et ça ne se prend pas.

Quand aux pirates... Meryl avait occuppé tous les postes possibles et imaginables sur la mer. Elle avait même été corsaire pour la couronne d'Angleterre, un temps. La piraterie n'avait plus aucun secret pour elle. Meryl Fanstasmagore avait durant trois ans porté le nom bien sombre de la "dame d'abysses". Bien peu de gens connaissait en entier le passé mouvementé de la belle Meryl. La flibbuste gardait son nom gravé dans le bois de ses navires.

Mais ce petit coq, assis devant elle, lui ne pouvait pas savoir. Et il était de l'interêt de Meryl qu'il ne sache pas. Elle masqua ses yeux hantés, et fit disparaitre de son visage la nostalgie des jours morts.

- Je peux te dégoter un patron, lacha simplement Meryl. La seule chose que tu n'auras jamais de moi, c'est un poste sur un négrier. Ces fils du diables ne prospéreront jamais grace à moi.

Meryl eut une grimace qui ne présageait rien de bon en regardant un groupe d'homme richement parés, dans un angle du taudis de Yoan.

- Et si l'illégal ne te fais pas peur, je peux te faire rentrer dans l'équipage de quelques contrebandiers. Et même...

Meryl hésita, jaugeant le garçon du regard. Il avait qualifié les pirates de salopards, mais...

- Je peux te trouver une place chez un pirate.

Meryl connaissait tous les lascards du coin. Elle connaissait aussi tous les gens honnêtes, mais eux feignait de ne pas la voir. Il était mal vu de fricoter avec le trop belle Meryl. Personne ne savait d'où elle arrivait, ni où elle serait demain. Ni ce qu'elle faisait de ses journées, enfermée dans sa barque miteuse. Mais sa beauté et le mystére de sa vie attirait tous les papillions de nuits du port. Et il parait qu'ici, il vaut mieux connaitre les sombres que la lumière des honnêtes. Il ne fait pas bon vivre à Ametrista pour les honnêtes gens, fois de Meryl.

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29-08-2006 à 09:48:39
Quoique puisse en penser Meryl, Alice était convaincue que son équipage lui était resté fidèle jusqu’au bout. Sinon, il se serait mutiné, n’est-ce pas? De plus, c’était elle qui les avait renvoyés. Malgré le fait que ça ne se faisait pas. Et puis de toute façon, pourquoi cherchait-elle à se justifier? Ce qui est fait est fait, non?

Pendant un moment, la jolie femme devant elle parut triste. Non. Nostalgique. Comme si des souvenirs s’emparaient d’elle. Nath ne fit aucune remarque. Il connaissait cet état. Il n’y était pas vraiment sujet. Mais il l’avait souvent constaté chez les autres.

En suivant le regard de sa compagne, le jeune homme aperçut un groupe de marchand fort bien vêtus et parés de bijoux clinquants, qui paraissaient outrageux et ridicules vu l’ambiance générale de l’auberge. Il hocha la tête, d’un air compréhensif. « Fils de chien ». Oui, c’était un bon terme. A retenir.

Contrebandiers, pirate? Tant que l’Espagnol pouvait naviguer, peu lui importait les titres ou la terminologie.

[glow]« Pirate? Me dérange pas, tant qu’on tombe pas sur ceux qui nous on attaqués. »[/glow]

Un sourire dangereux vint planer sur ses lèvres bien dessinées. La jeune femme était revancharde, rancunière, et une parfaite emmerdeuse, de surcroît. Elle caressait toujours l’idée de vengeance. La mort de ses compagnons faisaient partie de l’ordre des choses, elle n’avait pas vraiment été triste, bien qu’elle les regrette souvent. Mais ne pas accomplir un quelconque acte de vengeance lui donnait des haut-le-cœur. Quoique puissent en dire les terriens, les navigateurs, quels qu’ils soient, avaient un code d’honneur développé. Le frère d’Alice n’avait jamais dérogé à cette règle. La femme comptait bien continuer sur cette voix.

Comme la conversation paraissait avoir porté ses fruits, elle ne voyait pas trop l’intérêt de développer davantage. Bien sûr, sa confiance en la charmante Fantasmagore était mitigée, mais que pouvait-elle faire d’autre? Et selon ses dires Meryl l’avait sauvée des griffes d’un voleur. Et à part si elle décidait elle-même de la dépouiller… De toute façon ça se voyait bien qu’elle était fauchée.

D’un geste décidé, Eban planta son chapeau sur sa tête, remit en place ses cheveux noués en catogan, et fit mine de se lever:

[glow]« Nous y allons? »[/glow]
29-08-2006 à 17:36:03
(je poste incessement sous peu à la dent d'or!)

celle qui écrit dicte le destin, qu'en sera-t-il du vôtre?
27-02-2015 à 13:50:56
Je félicite beaucoup toutes les personnes qui veille au bon déroulement de ce forum.

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